Il y a quelques semaines, je vous invitais à la réflexion suivante : l’art est-il nécessaire ? Je vous propose aujourd’hui de partir en quête de réponses d’autres personnes au travers de deux portraits. Des femmes qui, tous les jours, pratiquent l’art et le transforment. A nouveau, l’art est partout. Il nous englobe et nous fait éprouver tant d’émotions… Pour le premier portrait, nous partons à la découverte d’Audrey, gérante du ranch des Sabots Enchantés à Cuges-les-Pins, dans les Bouches-du-Rhône. Elle a fait de sa passion un métier, et le fait tous les jours découvrir aux autres. Portrait d’une femme qui pratique l’art et le bien-être équin à haute dose.
Sommaire de l’article
Pourquoi avoir créé le ranch des Sabots Enchantés ?
Audrey : Cela fait des années que je côtoie les chevaux (27 ans). Et au fond de moi, j’ai toujours su que j’en ferai mon métier. Aujourd’hui, ils font partie de mon quotidien, je veille à leur santé physique et mentale par des soins. Je les nourris, je nettoie leurs parcs et les travaille pour maintenir leur musculature et leur moral.
J’ai passé mes galops en équitation. Je me suis formée d’un instructeur du cadre noir pour le travail du cheval. J’ai également passé des diplômes en Reiki (énergétique), afin de repérer les zones de tensions en magnétisme pour leur bien-être. En effet depuis 2011, je me suis surprise à posséder ce don. Je l’ai donc travaillé d’abord seule, puis accompagnée afin de pouvoir être diplômée et reconnue. J’ai pu ensuite longuement étudier le programme complet de bio-kinésiologie et de massages/stretching équin pour mon ranch des Sabots Enchantés.
A présent, je peux offrir un programme complet aux chevaux qui viennent en pension. Afin de leur permettre d’aller mieux, tant sur le plan physique que mental, j’appose mes mains et leur délivre ce que l’on appelle des soins énergétiques. Je pratique également la peinture sur chevaux (naturelle et non nocive !). C’est difficile à croire, mais cela les détend ! Ils participent grandement à l’art équin : ils en sont la matière même.
Ton art thérapie est-il utile ?
Audrey : Avec les chevaux, on peut s’ouvrir à une multitude de disciplines artistiques ou thérapeutiques pour leur bien-être. On peut pratiquer du tir à l’arc, des treks, de l’équitation de travail et beaucoup d’autres. Que ce soit travail à pied ou monté, on retrouve une gestuelle souple et harmonieuse. C’est tout à fait comparable à de la danse. Quand on effectue le travail à pied, et que la connexion est établie, on pourrait presque les deux partenaires danser. L’équitation est un travail sur soi qui allie l’instinct avec la connaissance. L’homme bouge en harmonie avec le cheval et ils ne font qu’un.
Pour ce qui est de la thérapie, je pense que c’est une forme d’art que d’utiliser la magie de l’énergétique pour soigner les chevaux et leur cavalier. Les couleurs d’une aurore boréale pour rééquilibrer les corps et libérer les blocages. Mais aussi être à l’écoute de leurs vécus, les accompagner dans leur vie, les guider vers une nouvelle compréhension du bien-être équin.
L’art de la thérapie assistée par le cheval (équithérapie – bien-être équin), qui permet d’être le porte-parole du cheval qui est lui-même le thérapeute de l’humain. Le cheval est un excellent ancrage et à son contact, l’on se sent apaisé et mis dans une bulle. On peut vivre pleinement l’instant présent en se relâchant. En laissant retomber la pression du quotidien.
Je le fais en général toute seule au ranch. Et si je rencontre un problème où je bloque, je demande à une amie praticienne en ostéopathie et énergétique chamanique de m’aider. Pour avancer dans ce genre de métier, il faut un travail sur soi permanent. Il faut constamment s’adapter. Et cela requiert également l’aide des autres !
Quel est l’aspect le plus surprenant de ton métier ?
Audrey : Pour moi, les chevaux ou même les animaux en général ont une plus grande compréhension que nous. Leur « ego » n’est pas aussi présent que chez nous. Ils n’ont pas non plus la question de limite du temps. C’est pour cela que bien souvent, mes juments vivants au ranch des Sabots Enchantés font des bêtises. Parfois quand elles ne sont pas sorties depuis un moment, qui pour moi représente quelques jours. Elles, elles y voient une éternité ! Et il est dur de leur faire comprendre puisque la communication animale n’en est qu’à ses balbutiements. A quand un interprète pour chevaux ?!
De plus, la subtilité est infime. Cette toute nouvelle mode de communication animale est que l’on perçoit les images, les mots, les sensations et autres de ce que l’on peut comprendre, à notre façon. Il faut éviter de transcrire un comportement animal vers un comportement humain. Cela n’a rien à voir. Chaque type d’être vivant a son propre comportement et évolue différemment. Dans tous les sens du terme. L’art équin dans toute sa splendeur.
Pour exemple, tout le monde me disait que ma jument voulait pouliner, seulement le message était tout autre, son message parlait de mon enfant intérieur qui devait être guérit, car elle représente mon miroir et l’image qu’elle renvoyait ne lui appartenait pas.
Une autre anecdote, mon cheval Lover a toujours détesté travailler. Or, un jour lors d’un stage de communication animale au ranch, les stagiaires pensent comprendre qu’il veut reprendre le travail. Mais connaissant mon cheval depuis 14 ans, je savais que le message est erroné. En fait, quelques jours auparavant, je l’avais prévenu en lui indiquant que s’il voulait la même dose de grain que les juments, il devait travailler ! Un goinfre vous dis-je…
Quel bilan fais-tu de ton choix de vie ?
Audrey : Il y a quelques années, on me regardait bizarrement car ce n’était pas chose commune. Nous sommes dans une aire de spiritualité, ce qui permet aux gens de s’ouvrir. Mais il y a un effet de mode dangereux car n’importe qui se proclame thérapeute de nos jours. Sans diplôme, sans reconnaissance de pairs ou encore d’acquis, la manipulation énergétique n’est pas un jeu. Les dégâts peuvent être irréversibles. Bien entendu, il faut également éviter l’anthropomorphisme, il faut toujours penser « animal ». Et cela, c’est plus dur pour ceux qui n’ont pas la « fibre » ou l’expérience. L’art équin n’est pas forcément compréhensible ou abordable par tous.
J’aide donc les chevaux et leurs gardiens à se rééquilibrer au ranch des Sabots Enchantés. À se libérer de leur mémoire négative et de leurs blocages. Pour moi, le plus beau est de rétablir l’harmonie entre les deux, les connaître et les faire mieux se comprendre.
C’est une merveilleuse aventure de pouvoir participer au bien-être équin. Les rencontres ne s’oublient pas : pouvoir partager son don pour le bien-être des animaux et leurs gardiens est intense et riche en émotion. C’est aussi apprendre à écouter son corps, tout comme son cheval. D’apprendre quand il est capable de donner ou quand il ne l’est pas ! Et également quand il a besoin de se ressourcer. C’est du pareil au même !